TRAFIC D’ETRES HUMAINS : une pratique importée en Guinée ?
Sur la sellette depuis la publication du rapport du département d’Etat classant la Guinée sur la liste des noirs en matière de lutte contre le trafic des êtres humains, les autorités guinéennes mettent désormais chaque occasion à profit pour réitérer leur détermination à sévir cette pratique. D’autant qu’à la publication du rapport, il avait été dit que le document est en partie le résultat d’un déficit d’informations de la part de ses rédacteurs, Aussi, à la faveur de la dernière conférence de presse qu’il a animée, le ministre de la justice, Me Cheick Sako, a abordé le sujet sur le ton d’une fermeté renouvelée. Mais à ses côtés, le procureur intérimaire du TPI de Mafanco a tenu à faire remarquer que le phénomène n’est pas typiquement guinéen, mais qu’il est importé des pays voisins dont la Sierra Léone et le Liberia en particulier.
Mais avant tout, le ministre a admis que la pratique est belle et bien présente en Guinée :
Malheureusement dans notre pays, actuellement il y a vraiment une recrudescence de ce phénomène et les plus victimes sont notamment des femmes qui partent dans les pays du Moyen-Orient pour faire soit des bonnes, soit pour certaines la prostitution voir même certains mineurs.
Mais, promet-il, la justice est loin d’avoir abdiqué :
Sachez que la justice prend ses responsabilités. Dès lors que les faits sont avérés et les gens déférés devant la justice, nous rentrons en jeu. Donc, les décisions tombent. Tout récemment il y a eu des décisions à Mafanco, Kaloum et Dixinn. Sachez simplement que j’ai donné des instructions également aux deux parquets généraux pour qu’on soit impitoyable sur ce type d’infraction qui est inacceptable pour notre pays. Je pense qu’il y a eu à peu près 55 dossiers de jugés
Assimilant la traite à une menace contre la société guinéenne, le procureur par intérim près le TPI de Mafanco, Aly Touré, pense toutefois qu’elle est une « nouvelle forme de criminalité » dans le contexte guinéen:
La traite des êtres, ce n’est pas une infraction, ce ne sont pas des faits qui étaient généralement connue dans notre pays… Mais ces 5 dernières années, nous avons remarqué que le phénomène a été transposé d’autres pays pour la Guinée, en passant par la Sierra Léone et le Libéria. Ces réseaux sont formés dans ces différents pays et ont pour point d’attache la Guinée.
Poursuivant, il fait part de ce à quoi les victimes peuvent être exposées :
Donc, les gens viennent en Guinée, recrutent les jeunes filles, les enrôlent et les embarquent pour le Koweït habituellement. Ces jeunes filles envoyées dans ces pays, sont accueillies dans des familles qui les exploitent de 6h à 23h. Nous avons eu des échos, les gens vont venus nous voir pour nous dire qu’ils ont des filles, des femmes au Koweït et qui sont dans les situations vraiment inhumaines (exploitation sexuelle, privation de documents de voyage…)
Mais il assure que la lutte est en cours. Ainsi, les réseaux sont en train d’être démantelés et la justice, quant à elle, ne fait pas de cadeau à ceux qui se retrouvent dans ses filets Ainsi, dans une récente procédure qui visait 7 personnes, 5 ont été condamnées à 6 ans et une autre à 3 ans. Tous ont par ailleurs écopé d’une amende.
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