Grossesses en milieu scolaire : Environ plus d’une centaine de cas constaté à Kouroussa

Grossesses en milieu scolaire : Environ plus d’une centaine de cas constaté à Kouroussa

Dans les concessions scolaires de Kouroussa, les grossesses des jeunes filles sont encore monnaie courante. Environ plus d’une centaine de cas de grossesse ont été constatée au cours de l’année scolaire 2017-2018 dans les différentes écoles de la commune urbaine. Au primaire et secondaire et même dans les villages environnants, cette situation entrave la scolarisation de nombreuses filles.

« J’ai abandonné mes études parce que j’ai contracté une grossesse pendant les vacances », témoigne une élève qui fréquente la 10ème année au collège Soundiata Kéita. Cette fille âgée de 16 ans n’a pu reprendre le chemin de l’école. Selon un professeur d’histoire-géographie, dans plusieurs écoles de la ville, malgré les nombreuses séances de sensibilisation sur les contraceptives, certaines élèves sont sexuellement actives, mais ne prennent aucune précaution pour prévenir les grossesses. Et la plupart parmi elles ne sont pas mariées. Certaines sont enceintes par leurs camarades de promotion, nous a confiés cet enseignant. Ainsi des milliers de cas de grossesses sont enregistrée tous les ans en milieu scolaire au niveau primaire et secondaire. En milieu scolaire, la grossesse est dans la majorité des cas non-désirée et surtout déterminant à une bonne scolarisation de l’adolescente.

Pour Salamata, une mère de famille, la  fécondité des adolescents apparaît comme un phénomène important en Guinée en raison de certains facteurs facilitant dont les pratiques coutumières qui consistent à marier les filles à très jeune âge surtout dans les milieux scolaires.

Pour Hadja Saman Fanta, une animatrice socio-éducatif et responsable genres et équité à la direction préfectorale de l’éducation, plusieurs facteurs expliquent  l’aggravation des grossesses en milieu scolaire dans la commune urbaine. Elle a évoqué, entre autres, le mariage forcé des filles, la démission des parents vis-à-vis des enfants, le manque de suivi de la part de parents, la pauvreté parfois des ménages, la quête du pain quotidien par les élèves, la mauvaise fréquentation, la facilité, la dépravation, l’anabaptisme et biens d’autres pratiques incitant à la sexualité.

Dans la majorité des cas, les victimes abandonnent l’école. Pour celles qui ont de la chance de poursuivre les cours après l’accouchement avec des années de retard.

« L‘avenir de la jeune fille enceinte est compromis même si dans de rares cas ou elle retourne sur le chemin de l’école après l’accouchement ou elle arrive à décrocher un hypothétique emploi précaire, on ne peut  pas vous donner un chiffre exact des filles qui  sont enceintes dans les établissements primaires et secondaires. Mais par estimation, on pouvait compter plus d’une vingtaine et plus au collège et au lycée, l’année passée… », a fait savoir Mamoudou Traoré, président de l’association des parents d’élèves.

Par rapport à cette situation, la Représente du ministère de l’Education nationale,  Mama Kany Diallo, chargée de la section genre et équité, dénonce une démission des parents avant d’appeler certains enseignants notamment ceux des Sciences d’observation, d’en faire une préoccupation. « Dans les villages les parents ne sont pas informés sur l’importance de la scolarisation de la jeune fille, les parents eux-mêmes ont démissionné dans l’éducation des filles. Il ne s’agit pas de scolariser les filles, mais il faut un suivi jusqu’à ce qu’elles finissent les études. Les professeurs des sciences d’observation et d’autres disciplines similaires doivent en faire une préoccupation dans l’enseignement avec beaucoup de sérieux », a-t-elle interpellé.

De son côté, le président du collectif de réflexion et d’action communautaire (CORAC), confie que son organisation est très active sur le front des sensibilisations des jeunes pour les éduquer à la santé sexuelle et reproductive et aussi les informer des moyens contraceptifs. Les mêmes exercices de sensibilisation sont effectués auprès des parents et des autorités locales afin de les informer des conséquences du mariage forcé et précoce, a-t-il indiqué.

Une dépêche de guineenews

Djenabou Balde