Famille, études, activisme, voici le parcours de Mariame Diawara, une jeune fille engagée et résiliente

Famille, études, activisme, voici le parcours de Mariame Diawara, une jeune fille engagée et résiliente

Issue d’une famille métissée, des parents divorcés, Mariame diawara est cette jeune activiste qui aligne dynamisme, perspicacité, sagacité, combativité et honnêteté. Âgée d’une vingtaine d’années, la jeune femme force le respect et l’admiration par son parcours de petite guerrière qu’elle est. Mariame, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’est confiée à notre rédaction politique sur son parcours, son activisme et preuve de bravoure qu’elle a eu à faire pour être la jeune dame qu’on admire aujourd’hui, alors qu’elle assistait très jeune à la séparation de ses parents, qui a grandement impacté son moral et ses études.

Femmesafricaines.info : présentez-vous à nos millions de lecteurs s’il vous plaît ?

Mariam diawara : je suis Diawara Mariam, l’aînée de ma maman et le 4e enfant chez mon père. Je suis diplômée en science politique relation internationale, entrepreneure, activiste et j’évolue en collaboration avec certaines entreprises.

Parlez-nous de votre famille ?

Je suis issue d’une grande famille métissée et modèle. À un moment, ça n’allait pas parce qu’il y a eu un divorce entre mes deux parents. Ce qui fait que j’ai pratiquement grandi avec ma grand-mère qui est une peulh. J’ai reçu une éducation exceptionnelle. J’ai passé mon enfance entre kissidougou et Conakry.

Quel est votre parcours scolaire et universitaire ?

J’ai commencé mes études dans une école anglaise. Après le divorce de mes parents, ma maman a rejoint sa mère à kissidougou. Cette dernière est anglophone. Dans la cour où j’ai grandi, les habitants ne parlaient que l’anglais et le Kryon. C’est ainsi que ma maman a souhaité que je commence par une école anglaise. J’y suis allée jusqu’en classe de 4e année. Quand je suis venue en vacances auprès de mon papa à Conakry, lui, il a décidé que je fréquente une école de langue d’études française. De ce fait, j’étais obligée de reprendre les cours en 1re année, parce que je n’avais aucun niveau en français. Difficile, mais je suis arrivée à m’en sortir. C’était étonnant pour les gens de me voir classée 1re ou 2e quand les résultats sortent. Mais mon parcours scolaire n’a pas été facile, à cause, de mes déplacements entre kissidougou (chez ma mère) et Conakry (chez mon père). J’ai décroché mon examen d’entrée avec brio à kissidougou. Quand j’ai perdu ma mère, mon papa a décidé de me reprendre, parce que ma maman m’avait interdit de ne plus venir le voir, d’après elle, ce déplacement affectait mes études. Il m’a fait inscrire dans une école chrétienne. Au lycée, j’ai décidé de rattraper les années perdues, je me suis présentée comme candidate libre au bac, en faisant une session avancée, de la 11e année, je suis allée en terminale. J’étais très intelligente. Tout le monde était confiant que je serai parmi les lauréats parce que j’avais le niveau, même si mon papa, lui, il voulait que je suive le cursus normal. Cette année, bien que les notes de cours fussent annulées, j’ai eu mon bac. J’ai fait les sciences politiques à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia (2017 – 19). Je me suis spécialisée en relation internationale parce que dans le futur, je souhaite vraiment devenir diplomate. À l’Université, je me suis fait remarquer. J’y ai laissé des traces indélébiles par ma bravoure et mon intelligence et ma volonté.

Parlez-nous de votre parcours professionnel ?

J’ai eu mon premier stage alors que je faisais encore l’Université, licence 2. Et le stage était avec un professeur qui nous enseignait, M. Adam, un Tchadien. C’était dans sa boîte de formation des enseignants dans le discours exclusif. J’y étais comme Assistante de direction et travaillais du lundi au vendredi. Les samedis et les dimanches, c’était la formation, parce que le travail s’effectuait beaucoup plus sur le terrain. Je travaillais 7jours sur 7. On me demandait à ce que je prenne des jours de repos, mais je n’arrivais pas, j’étais amoureuse du boulot. J’ai évolué ainsi pendant 4 ans. Au final, j’étais habituée à sortir tôt de la maison et rentrer tardivement. Je n’aimais vraiment pas rester assise à la maison. À quelques jours de la fin du contrat, je cherchais une autre opportunité. Je suis allée à la radio renaissance grâce à un professeur M. Aly Souleymane, qui a joué de ses relations pour que j’obtienne le stage. J’ai fait 8 mois de stage sans salaire, sans prime et tout cela par passion. J’avais deux jours de cours à l’Université, je mentais à mon père comme quoi, j’avais 4 jours de cours, histoire d’avoir de l’argent pour pouvoir payer mon transport pour la radio. Je n’aimais pas rester à la maison. J’étais habituée de sortir, me faire un peu d’argent afin d’être autonome. Mais, à la radio renaissance, c’était un peu différent, j’avais quand même de l’expérience. De là-bas, je suis allée à Gangan FM. Puis j’ai été approché par une amie qui était Directrice dans une entreprise d’immobilier et de location pour un stage de 3 mois. À l’Université libre de Guinée, j’ai passé sept à huit mois comme assistante de direction. J’ai, aussi, géré un cabinet de formation. J’ai fait six mois de stage à Orange center comme conseillère télé où je travaillais de 16h à 00h. Quelque temps après, j’ai signé avec une école qui cherchait une monitrice. Ceci n’était pas mon monde. C’était, d’ailleurs, une première expérience. J’étais comme une femme au foyer. Donc je cumulais les deux boulots. De 7h à 16h, j’étais à l’école comme monitrice, et de 16h à 00mn à Orange center comme téléconseillère. Je n’avais pratiquement plus le temps de me reposer. Je rentrais parfois à la maison à pied à 1h du matin. Cela pendant deux bonnes années. J’avais dépéri. Mais après, cela m’arrangerait parce que je prenais un million de francs guinéens des deux côtés. Ce qu’il fait un total de 2 millions par mois. Même si parfois, je chômais à Orange et qu’on le soustrait dans mon salaire. J’avais des projets, des initiatives. Je me suis intéressée à l’agriculture. Aujourd’hui, tout le monde ne sait pas, j’entreprends dans l’agriculture, l’élevage.

Quelles sont les structures ou ONG dont vous avez appartenu jusqu’ici et quels sont vos postes de responsabilité ?

J’étais dans pas mal de structures, après j’ai compris qu’elles ne sont pas ce qu’elles croient aux gens. Et parmi toutes ces structures, j’ai décidé de me concentrer sur une structure qui faisait la différence. C’est l’Union des jeunes leaders de Guinée, abrégée UJLG. J’ai été intégré par un ami. On m’a mise dans la cellule de communication. C’est une structure qui m’a permis de rehausser mon niveau grâce à la communication en public, les formations, conférences, sensibilisations sur le terrain. Aujourd’hui, j’occupe le poste de la coordinatrice du droit de défense des femmes.

Quel est l’élément déclencheur de vouloir mener une vie de militantisme ?

J’ai eu une enfance un peu trop traumatisante. La raison qui m’a vraiment poussée vraiment à m’intéresser à cela parce que je suis une victime. Je me suis dit, les choses ne doivent pas continuer ainsi. Si j’ai vécu cela, il y a sûrement d’autres filles qui vivent la même situation ou d’autres expériences notamment, le viol, le harcèlement. À l’Université, j’en ai été victime. Je n’ai pas envie d’en parler. C’est un mauvais souvenir. Vous comprendrez pourquoi je me suis donné la vocation de protéger les femmes en dénonçant, sensibilisant et d’entreprendre tout autre action pouvant permettre de les mettre à l’abri de tous ces crimes odieux.

Vous avez, sans doute, réaliser assez d’activités sur le terrain. Dites-nous laquelle de toutes ces activités dont vous êtes de plus fière ?

J’ai participé à pas mal d’activité, mais prendre le micro en public a été ma plus belle expérience. Aujourd’hui, je n’ai aucune complexité, aucune limite pour m’exprimer en public. L’activité qui m’a de plus marquée, c’était en 2018, lors d’une sensibilisation sur la paix dans les écoles. J’avais le nez percé. Le directeur d’une école m’a invitée dans son bureau, comme un père et fille, il m’a conseillé de retirer mon piercing. J’étais allée passer un message, au retour, j’ai revu un conseil, un message.

À l’instant, c’est quoi votre plus grande ambition ?

J’ai des ambitions, mais la plus grande, c’est d’être diplomate. Oui, une très grande femme diplomate ou être ministre des affaires étrangères.

Citez deux femmes activistes qui vous influencent énormément dans ce milieu ?

Je ne dis pas qu’il n’y a pas de femmes qui m’inspirent, mais vraiment, je pense que celle qui m’inspire de plus c’est moi-même franchement parlant. Puis je pourrais parler de Kadiatou Konaté, une petite sœur à moi que j’aime bien. Il y a aussi Kadiatou Tounkara avec qui j’évolue actuellement.

Qu’est-ce que vous aspirez à devenir dans un futur proche ?

Une entrepreneure de renom. Une grande présentatrice.

Quels sont vos passe-temps ?

Ce sont la musique, la lecture, le sport, hooo oui j’adore le sport, même si j’ai arrêté pour le moment. La solitude également. Parfois, je m’enferme, je reste seule et je pense à tout et à rien.

Quels sont vos domaines les plus passionnants ?

D’abord, il y a la diplomatie, l’agriculture, l’élevage et la cuisine. Je compte vraiment investir dans tous ces domaines.

L’éducation de la jeune fille, qu’est-ce que vous en dites ?

Si j’étais à la place de ceux qui priorisent la formation des petits garçons à celle des petites filles, je les dirai s’ils doivent investir dans l’éducation d’un seul enfant entre une fille et un garçon, d’investir dans celle de la fille. La dernière a plus de chance que le premier. Cela ne veut pas dire les garçons n’ont pas de chance, mais je dis que les filles doivent être priorisées. Une femme instruite et bien éduquée sera une maman épanouie et qui transmettra ce qu’elle a appris à ses enfants, in aura aussi une société épanouie.

Un conseil à donner à des jeunes filles qui vous voient comme un modèle de réussite à votre si jeune âge ?

C’est vrai. C’est touchant. Aujourd’hui, je ne dirai pas que je n’ai rien ou que je ne suis rien, il y a, quand même, pas mal de jeunes filles et hommes qui m’écrivent pour m’adresser des mots touchants. J’ai très confiance en moi. On me qualifie de narcissique parfois. Je n’ai pas encore atteint ce que je veux, mais il faut croire en soi. Croyez-vous-en, ne laissez personne vous faire douter de vous et prenez votre destin en main.

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Interview réalisée par Mohamed CISSÉ

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