Entretien exclusif avec Ramatoulaye Traoré, Directrice Générale de M&F fashion/maison de couture by RAMA créée il y a presqu’un an.

La maison de couture by RAMA est une entreprise de confection des vêtements pour enfants, adultes et de personnes âgées. C’est l’entreprise de Ramatoulaye Traoré, une jeune femme d’un parcours atypique qui a laissé des traces indélébiles dans le monde médiatique avant de rejoindre l’Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi (AGUIPE) où elle déploie de la plus belle des manières ses connaissances et compétences au poste de responsable de communication.

Mariée et mère d’une petite princesse, l’entrepreneure nous a accordé un bout précieux de son temps pour parler de sa nouvelle entreprise à travers laquelle elle ambitionne de redonner de l’espoir à des jeunes en créant de l’emploi pour enfin réduire le taux de chômage dans le domaine de la couture.

Femmesafricaines.info : quel est l’élément déclencheur qui vous a motivé à créer cette entreprise de confection et de vente des vêtements ?

Mme Ramatoulaye TRAORÉ : l’élément déclencheur de cette initiative vient de mon ambition d’aider des jeunes qui sont dans des situations difficiles. Des jeunes déscolarisés, généralement des femmes et jeunes filles qui n’ont pas de métier ou qui sont abandonnées à elles-mêmes. Alors que parmi elles, il y a celles qui ont du potentiel, qui, quelque part ont une petite maîtrise d’un métier malheureusement qui n’est pas valorisé. De ce fait, je me suis dit, pourquoi ne pas trouver de l’emploi pour ces filles afin de faire valoir leur talent. En quoi faisant ? C’est en créant mon entreprise, en trouvant des clients pour qui nous confectionnons des vêtements de tout genre. À travers cela, elles auront grandement l’occasion de montrer leur savoir-faire. Donc, l’idée est de valoriser ces jeunes en leur offrant un emploi tout en les amenant à créer leur propre entreprise dans un futur proche.

Et l’autre aspect de ma motivation à créer mon entreprise, c’est de pouvoir habiller à moindre coût des personnes qui n’ont pas suffisamment de moyens.
Pour ce faire, nous faisons en sorte que nos tarifs ne soient pas très élevés afin de permettre aux uns et autres de pouvoir s’habiller sans autant trop dépenser notamment lors des fêtes.

Vous venez de le dire à l’entame, d’une part, c’est de créer de l’emploi pour des jeunes. Dites-nous, actuellement, vous employez combien de jeunes ?

Pour l’instant, nous évoluons dans l’informel. J’ai du personnel, j’embauche déjà trois (03) personnes et j’ai quelques machines de couture. C’est ce qui fait que l’une de mes ambitions à court terme, c’est de recevoir plus de jeunes pour des formations, les certifier, embaucher d’aucuns et pousser d’autres à créer leur entreprise. Nous allons, de ce fait, participer à la réduction du taux de chômage dans ce secteur.
L’objectif, c’est de vraiment agrandir cette maison, permettre à des jeunes défavorisés de trouver de l’emploi et de leur permettre d’avoir leur gagne pain.

Quand on parle de la production, il faut aussi toucher les consommateurs. Parlez-nous de la clientèle de votre maison de couture. Recevez-vous considérablement des commandes ?
À noter que c’est ce retour qui vous permettra, sans doute, de rapidement financer vos ambitions pour l’entreprise.

Nous avons de la clientèle bien qu’elle ne soit pas comme nous le souhaitons, mais pour un départ, c’est appréciable.
Je vous rappelle que l’entreprise a été mise en place cela fait pratiquement une année. Au compte de cette année, j’ai eu plus que j’espérais. Je ne pensais pas qu’avec ce départ, je pouvais avoir une si belle clientèle. Chose qui me donne de l’espoir que dans les années à venir, la clientèle sera beaucoup plus que ce que j’aie actuellement. J’ai de plus en plus de nouveaux clients maintenant, j’essaie de les garder pour qu’ils restent fidèles à la maison. J’y travaille dessus. En termes de communication, nous avons une page que nous alimentons. À partir de cette plateforme, nous avons des commandes. Il y a des personnes qui sont satisfaites suite à des œuvres que nous présentons. On essaie de faire encore plus pour attirer d’autres. À la base, il y a quelque chose qui est créée et c’est celle-là qu’on souhaite conserver, surtout garder nos clients et aller à la recherche d’autres pour pouvoir les fidéliser.

Le problème dans ce domaine, ce n’est pas d’avoir beaucoup de clients, mais c’est de les fidéliser, et cela se passe par la confiance qu’on tisse avec eux suite à leur satisfaction. C’est ce qui nous permet d’évoluer, d’avoir plus de personnes qui viennent vers nous. Imaginez que ces personnes soient satisfaites et qu’il y ait déjà un lien de confiance qui vous lie. Ces clients actuels deviennent un moteur de relais entre des personnes qui ne connaissent ni votre maison de couture, ni vous en personne. Ils communiquent pour vous sans le savoir. À partir de cela, il y aura assez de clients.

Ce sont tous ces facteurs qui me donnent de l’espoir à continuer cette aventure, à redoubler d’efforts et encourager les personnes qui travaillent avec moi.

À lire aussi : La marque “I-kody” est partenaire à l’événement Miss Africa Golden Guinea 2023. 

La particularité de M&F fashion/maison de couture by Rama

La particularité de la maison, c’est surtout le délai dans la confection des vêtements. Vous le savez mieux que moi, le plus gros souci que les gens ont avec les tailleurs, c’est le non-respect des délais. Et c’est sur cet aspect que j’aimerais m’accentuer pour qu’il y ait plus de professionnalisme dans le travail.

Je tiens à ce que les délais soient respectés. Que l’un des piliers du succès de l’entreprise soit le respect des délais dans la confection des vêtements. Et surtout qu’on fasse preuve de professionnalisme dans tout ce que nous faisons dans l’honnêteté et dans la sincérité.

Vous avez parlé de quelqu’unes de vos ambitions pour la maison, pouvez-vous revenir sur les grandes lignes de ces ambitions à court terme ?

C’est d’abord trouver un local, c’est-à-dire inaugurer la maison by rama, l’aménager et y faire une place pour chaque employé selon le domaine qu’il maîtrise et de trouver des moyens d’améliorer leur condition de vie, si je peux le dire ainsi, à travers une formation qu’ils recevront d’un formateur recruté à cet effet, qui renforcera leur capacité dans le domaine de la couture pour qu’ils soient compétitifs sur le marché. Et je souhaite vraiment évoluer dans le formel, c’est-à-dire avoir tous les documents administratifs.

L’ambition, c’est de vraiment agrandir cette entreprise en faire un centre de formation dans le domaine de la couture, chaque trimestre certifiés certains et garder d’autres afin de leur permettre de trouver de l’emploi.

Comment parvenez-vous à concilier vos deux boulots ? Je veux parler de votre emploi de responsable de communication et l’entreprise de couture.

Ce n’est pas évident, mais quand on est bien organisé et qu’on sait ce qu’on veut dans la vie, on trouve toujours un planning pour pouvoir concilier le nombre d’activités qu’on a. Pour ce qui est de mon poste que j’occupe dans une entreprise, c’est de respecter le contrat que j’ai avec cette entreprise. C’est-à-dire, je respecte mon emploi du temps. De 08 h jusqu’à 17 h, je consacre ces heures à ma vie professionnelle, à cette entreprise qui m’a recrutée. Après le boulot, j’ai un timing disponible de 18 h jusqu’à 23 h, je suis permanemment avec mes employés. Je suis le projet. Je participe à l’évolution, à la prise de décisions et surtout à toutes les activités de l’entreprise. Je parviens vraiment à concilier les deux activités. Ce sont des emplois qui me tiennent à cœur, qui font que j’ai eu tout ce que j’ai, côté professionnel ou vie privée. Par la grâce de Dieu, j’arrive à m’en sortir. J’ai élaboré un très bon planning et jusqu’ici, j’arrive à concilier les deux boulots, également ma vie de couple, ma responsabilité de mère, ma responsabilité de fille aînée auprès de la famille. Je prie et j’espère que je continuerai à trouver de l’équilibre pour les différentes entreprises et à consacrer un peu de mon temps à ma famille, mon mari et ma fille.

L’entrepreneuriat, c’est des hauts et des bas, un mot à placer à l’endroit des femmes qui veulent investir dans d’autres domaines ?

À toutes ces femmes qui ont l’intention de se lancer, mais qui hésitent encore, je les conseille de se lancer. Il n’y a pas de fumée sans feu comme on aime le dire souvent. Certes, il y aura des hauts et des bas, mais de trouver la force et le courage d’aller de l’avant. De ne jamais baisser les bras, de s’armer de courage et se dire tout ce qu’on fait, c’est pour une bonne raison et demain sera meilleur. Ne jamais lâcher prise et de foncer. Il y aura des épines dans les pieds qui leur feront décourager par moment, mais qu’elles sachent, qu’elles ont le potentiel à partir du moment où elles ont eu l’idée d’entreprendre. Pour y parvenir, il faut être optimiste, s’armer de courage et se dire « on va réussir par la grâce de Dieu et de nos efforts qu’on fournira dans nos entreprises ». J’aimerais leur dire que la vie, parfois, elle n’est pas rose comme on l’imagine, mais qu’on reste optimiste et de croire en nos rêves, car les rêves peuvent bien être réalisés.

Remerciements

Je profite de l’occasion pour remercier mon cher époux qui a toujours été là pour moi, qui ne cesse de m’encourager, de me soutenir. Il arrive parfois que j’aie l’envie de baisser les bras, mais il me fait savoir que je suis une femme forte et que je vais y arriver. Et vraiment cela apporte un plus dans l’entrepreneuriat. Avoir une personne qui vous soutient peu importe, même s’il y en a d’autres qui ne vous croient pas.

Merci à vous aussi média, je rappelle que vous êtes le premier à qui j’ai parlé de cette entreprise de façon officielle. Merci à vous !

Abonnez vous à notre Canal Télégram ici

Ismaël KONÉ