Mariama Fing Diallo fait le bilan de sa participation au 32e Salon de gynécologie obstétrique pratique 

Mariama Fing Diallo fait le bilan de sa participation au 32e Salon de gynécologie obstétrique pratique 

Mme Diallo Mariama fing, sage-femme au centre médical communal de ratoma, a assisté au 32e Salon de gynécologie obstétrique pratique au palais des congrès en France les 15 et 17 mars derniers. De retour de ce voyage de formation, elle a partagé avec nous les étapes qu’elle a suivies pour participer à ce salon, tout en soulignant qu’elle était la seule sage-femme guinéenne présente au congrès. Cette expérience s’ajoute à de nombreuses autres formations et ateliers qu’elle a suivis à travers le pays, en Afrique et dans le reste du monde.

« En fait, j’ai découvert la formation en ligne et cela m’a beaucoup intéressé. J’ai alors contacté les organisateurs pour leur dire que je voulais participer au 32e Salon de gynécologie obstétrique afin de bénéficier de la formation qui devait avoir lieu à Paris. Ils m’ont tout de suite demandé de m’inscrire, et une fois cette étape réalisée, ils m’ont envoyé une lettre d’invitation. J’ai payé les 150 € d’inscription en ligne et j’ai reçu un reçu pour confirmer mon paiement. J’ai ensuite envoyé cette preuve de paiement aux organisateurs, qui m’ont ensuite envoyé l’invitation. Par la suite, j’ai proposé à deux de mes collègues de venir avec moi à la même formation, et les organisateurs ont accepté de leur envoyer des invitations. Nous avons pris rendez-vous à l’ambassade de France, déposé nos dossiers et avons obtenu nos visas pour participer au 32e Salon, le tout le même jour », a-t-elle relaté.

À Paris, en tant que sage-femme, elle a décidé d’assister à toutes les formations en gynécologie, car elle estime que cela correspond à son travail au centre médical communal de Ratoma. Elle a donc participé aux discussions avec d’autres sage-femmes venues de différents pays.

« Nous avons parlé de nos méthodes de travail en salle d’accouchement, et j’ai réalisé que nous sommes vraiment en retard sur plusieurs aspects », a-t-elle avoué.

À la question de savoir pourquoi vouloir participer à cet événement, Mariama fing Diallo répondra.

« Je me suis dit que participer à ce salon me permettrait non seulement de rester à jour sur le plan scientifique, mais aussi d’aider les femmes dans mon pays. Nous avons eu une explication sur le cancer du col de l’utérus, c’était très intéressant car j’organise des campagnes de sensibilisation pour le dépistage des lésions précancéreuses, donc j’ai pu constater beaucoup de changements », a-t-elle déclaré. Puis d’ajouter :

« Grâce à ce salon, j’ai pu avoir quelques expériences avec eux, notamment en ce qui concerne la sensibilisation des femmes pour qu’elles adhérent aux séances de dépistage et autres ».

En poursuivant, Mme Diallo Mariama fing déclaré que les informations reçues lors de ce congrès lui seront utiles pour améliorer son travail. Selon elle, elle a appris des choses qu’elle ignorait, ce qui lui permettra d’améliorer la qualité de son travail pour aider les femmes et mieux communiquer avec elles. Elle pourra ainsi leur expliquer clairement tout ce qu’elles doivent savoir en matière de santé.

« Je vais partager ces informations avec mes collègues sages-femmes pour qu’on soit au même niveau d’informations que moi », a-t-elle fait savoir.

Toujours engagée dans ses actions pour améliorer la santé des femmes, Mariama Fing Diallo prévoit d’organiser une campagne de sensibilisation et de dépistage dans certaines localités de Coyah.

« Je vais commencer une campagne à Coyah, car j’avais promis à des femmes que j’allais passer par là-bas pour les informer sur les lésions précancéreuses, l’excision, la planification familiale et d’autres sujets importants. Ensuite, je vais essayer d’étendre mes activités dans d’autres villes du pays. Mon objectif est d’aider un maximum de femmes », s’est-elle confiée.

En tant que sage-femme, Mariama Fing Diallo s’occupe à la fois des consultations prénatales et de l’accouchement en salle. Elle accompagne les femmes avant, pendant et après la grossesse et travaille en collaboration avec les gynécologues-obstétriciens de la maternité. Lors des consultations, elle donne beaucoup d’informations et prépare les femmes à l’accouchement, transmettant des conseils importants sur les comportements à adopter pendant la grossesse et ceux à éviter.

Elle propose également des méthodes de contraception aux femmes et procède au dépistage des lésions précancéreuses chez celles qui ne sont pas enceintes, en plus de les traiter si le résultat est positif et que le traitement peut être fait dans leur service. Dans cette figure, dit-elle, elle s’occupe de la patiente sous la supervision du médecin chef. Si le traitement n’est pas disponible dans leur service, ils envoient la patiente à l’hôpital Donka au centre de cancérologie. Mariama fing Diallo s’occupe également des soins et de la réanimation des nouveau-nés, en plus de réaliser les traitements prescrits par les médecins. En outre, elle forme et supervise les étudiantes en stage à la maternité du centre médical communal de Ratoma.

Malgré tout le travail qu’elle fait pour aider les femmes, Mariama Fing Diallo a subi de la violence, des insultes et a été chassée par les autorités locales d’une préfecture de la Guinée forestière à cause d’une vidéo réalisée par des journalistes sur son travail et publiée sans son accord. Elle a été traitée comme une ennemie par les autorités de cette préfecture avant de devoir chercher à fuir.

« Si je vous raconte quelque chose, vous ne me croirez pas. J’ai eu des problèmes lorsque j’exerçais en tant qu’infirmière. À ce moment-là, j’étais agent technique de santé. J’avais fait mes études à l’école soins de santé communautaire de N’zérékoré. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai travaillé en Guinée forestière, mais je préfère ne pas mentionner le nom de la préfecture car ma vie a été mise en danger. J’aidais les femmes en difficulté, notamment en les accompagnant depuis des villages reculés. Un jour, des journalistes sont venus pour faire un reportage sur la dégradation des routes en Guinée forestière et ils ont fait appel à moi par le biais d’un ami israélien, car je connaissais bien la région. Ils ont trouvé mes actions très humanitaires et ont filmé mes activités, qu’ils ont ensuite diffusées sur les réseaux sociaux. Cela m’a attiré des ennuis. J’ai été persécutée et harcelée par les autorités de cette préfecture. J’ai subi toutes sortes de traitements. Ma vie était en danger. J’ai donc été obligée de quitter cette préfecture. Ils pensent que le but était de révéler les défaillances du système de santé et de montrer aussi les mauvaises pratiques qu’exercent certaines personnes dans ces localités

D’ailleurs cette vidéo a été publiée sans mon consentement. En réalité, ces reporters cherchaient à filmer les routes difficiles à pratiquer. Et c’était la convention. De graves choses se sont passées pendant ces moments dont je ne peux tout dire au risque d’en subir encore. J’ai été obligé de quitter, c’est ainsi que je me suis sauvée pour Conakry où j’ai fait une formation à l’école supérieure des sages-femmes de Kobayah pour être sage-femme et de continuer à toujours servir les femmes », est-elle revenue sur sa mésaventure.

Mariama Fing Diallo continue à organiser des campagnes de sensibilisation avec une équipe qui la soutient, car elle affirme qu’elle ne peut pas travailler seule.

« J’ai cherché une équipe pour m’épauler. Nous organisons des campagnes de dépistage pour la planification familiale. Nous avons même organisé une journée portes ouvertes ici au centre pour expliquer aux gens comment se déroulent ces opérations. D’ailleurs, vous vous en doutez peut-être, ce n’est pas la première fois que vous venez me voir ici. Vous êtes venus ici à plusieurs reprises. Vous me connaissez déjà. Il y a d’autres journalistes qui me connaissent aussi. Ils sont au courant de mes actions. En toute modestie, je suis l’une des premières sages-femmes à avoir initié une campagne de dépistage des lésions précancéreuses à Conakry. Parfois, nous médiatisons nos actions, parfois non. Suite à des soucis avec les autorités locales dans une préfecture de la Guinée forestière, j’ai décidé de ne plus médiatiser. J’ai l’impression que certaines personnes m’en veulent à cause de mes actions, surtout dans cette préfecture. J’ai des témoins, j’ai des informations. Je ne fais de mal à personne. J’aide les femmes, qu’elles me soutiennent dans cette démarche », a-t-elle souhaité.

Dans l’avenir, cette sage-femme ne veut plus qu’une femme endure de la souffrance lors de l’accouchement.

« Je ne veux pas qu’une femme perde la vie en donnant naissance. C’est mon combat. Aucune femme ne devrait mourir en donnant la vie, et nous devons tous nous investir pour y arriver. Cette fois, je ne serai pas la seule à m’engager. Beaucoup d’autres sages-femmes vont s’engager à mes côtés », a-t-elle fait entendre.

Pour y parvenir, Mariama fing Diallo estime qu’il est essentiel que les femmes reçoivent un suivi et des informations pendant leur grossesse pour être bien informées et passer par des dépistages.

« Je ne veux pas que les femmes se retrouvent avec des maladies graves comme le cancer de l’utérus. J’ai de nombreux projets pour les femmes et je m’engage à les aider à obtenir toutes les informations sur la santé. Malgré le manque d’accompagnement, je continue à me former », a-t-elle dit.

En évoquant le manque d’accompagnement, la sage-femme soulignera qu’elle a participé à de nombreuses formations et événements importants à ses propres frais, afin de se perfectionner et d’être au service des femmes.

« Je suis parti en Côte d’Ivoire pour assister au Congrès de la Fédération des sages-femmes francophones. J’ai payé mon billet d’avion et les frais d’inscription au Congrès. J’ai pris un billet d’avion aller-retour et je me suis logé dans un hôtel en utilisant mon propre argent, personne ne m’a accompagné. Tout cela dans le but de suivre des formations pour pouvoir ensuite aider les femmes dans mon pays. J’ai également participé au 15e congrès de la société africaine de gynécologie et au 8e congrès de la société guinéenne de gynécologie obstétrique qui s’est tenu ici en Guinée. Lors de ces congrès, j’ai assisté à des conférences aux côtés de grands gynécologues et obstétriciens, en payant également les frais de participation », s’est-elle confiée.

LA RÉDACTION