Les saveurs chez Yama : l’entreprise de Mariame Oury Sall, une jeune femme résiliente et diligente

Entretien exclusif avec Mme Diallo Mariame Oury Sall, une jeune entrepreneure d’un parcours, à la fois, brillant et captivant. Une jeune guerrière intrépide dotée d’un esprit ouvert et du don de partager son savoir-faire.
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« Les saveurs chez Yama » est son l’entreprise. Mariama Oury Sall, comme il s’agit d’elle, a décidé d’affronter les vicissitudes de l’entrepreneuriat afin de donner vie à une idée viscérale qu’elle entretenait depuis les bancs de l’Université. En dépit des difficultés, Mme Oury sall est accrochée à ses rêves, debout comme une lionne dans le seul but de réussir le défi qu’elle s’est lancée, celui de faire de « les saveurs chez Yama », une marque de produits consommés en Guinée et à l’international.
Femmesafricaines.info : C’est quoi « les saveurs chez Yama » ?
Mme Diallo Mariame Oury Sall : saveurs chez Yama, est une entreprise de droit guinéen qui évolue dans la transformation des fruits et des légumes en des boissons naturelles, des confitures ou encore des chips. Aussi, octroie des formations avec à la clé un accompagnement coaching. L’entreprise les saveurs chez Yama existe depuis deux (02) ans maintenant. Elle a été créée le 24 juillet 2021.
C’est quoi l’élément déclencheur qui vous a motivé à créer l’entreprise les saveurs chez Yama ?
L’entrepreneuriat, je le faisais avant même que je sache que c’était cela que je faisais. Je faisais de petits commerces à l’Université. Après les cours, j’avais toujours une activité à faire. Après l’Université, je me suis lancée à fond, mais pour un début ça n’a pas réussi. Je suis allée vers l’employabilité, j’ai fait trois (03) ans pour une entreprise de la place. Mais franchement, j’ai préféré travailler à mon propre compte parce que j’avais mes enfants et d’autres responsabilités qui ne pouvaient pas aller avec mon emploi, chose qui m’a motivée d’aller vers l’entrepreneuriat.
Combien de personnes employez-vous actuellement ?
J’ai cinq (05) employés, dont de façons directes et les deux (02) autres de façon indirecte.
Vous l’avez dit, vous transformez des fruits et légumes en des boissons naturelles, quels sont ces fruits et légumes et comment vous vous en procurez ?
Ce sont les gingembres, le Kiri, le bissab, le citron parfois la mangue, l’ananas, l’orange. C’est en fonction de la période des fruits. Nous avons des fournisseurs. Mais quelquefois, nous les achetons au marché. Sinon, on a une liste de fournisseurs.
Parlons de vente ! Comment commercialisez-vous les boissons, confitures ou encore les chips de « les saveurs chez Yama » ?
Nous avons notre page Facebook sur laquelle nous faisons de la vente en ligne. Nous avons, également, des clients qui viennent à domicile s’approvisionner. Déjà, je vous le déclare, nous n’avons pas de local pour l’instant. Nous en avons vraiment besoin. Nous travaillons pour en avoir. Aussi, nous prenons nos produits, surtout les boissons, nous partons vers les restaurants, les supérettes à Madina et à Nongo. C’est que nous faisons de la vente de porte en porte. Chaque fois que quelqu’un à une cérémonie de mariage ou de baptême, nous lui contactons à travers les médias sociaux. Nous sommes très focus sur le marketing digital.
Parlez-nous de la clientèle de « les saveurs chez Yama » ? Aussi, au-delà de la vente avec les boutiques et supérettes, avez-vous eu à collaborer avec des promoteurs de spectacles, organisateurs évents ou des entreprises lors de leurs événements festifs ?
C’est nous qui partons chercher les clients, d’autres aussi nous contactent à travers notre page Facebook. Nous avons des clients notamment : nous avons des supérettes et restaurants partenaires à Coza et à lambangny et d’autres dont les négociations sont en cours. Les échantillons ont été déposés. À chaque fois qu’il y a des événements que ça soit grand public ou privé nous prenons part. Récemment, nous avons pris part à la première édition de banlieuExpo. Aussi à l’événement Guinée fashion Fest organisé par la maison kpaaf des sœurs Diallo de coomisgui. Nous étions également à la première édition du salon de la teinture et du textile guinéen organisé par l’ONG CuFig (culturels et Fiertés Guinéens).
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Parlons de l’autre pan de « les saveurs chez Yama », la formation. Combien de séries de formations (suivi et accompagnement, de l’idée à la réalisation) avez-vous eu à réaliser ?
En ce qui concerne les formations, c’est d’abord nous qui les avons suivies. Nous avons commencé par une formation en ligne certifiée. En plus de cela, nous avons bénéficié de plusieurs autres, notamment moi en tant que gérante, mais parfois avec mes employés. Nous avons bénéficié d’une formation en transformation à travers INTÉGRA sous financement d’Enabel. Nous avons aussi suivi une formation sur le contrôle qualité et sécurité alimentaire, suivie et évaluation clientèle. De formation en formation, finalement, c’est nous-mêmes qui faisons la restitution. Récemment, nous avons bénéficié d’une sélection par INTÉGRA pour des formations à l’intérieur du pays notamment à Mamou, dalaba et Pita. Au-delà de cela, nous organisons des formations adaptées aux besoins, nous sommes à la troisième série de formation. Parfois, nous sommes invités par des ONG ou encore des institutions qui organisent des formations en transformation. Elles nous appellent pour partager notre expérience aux participants. Nous étions à Labé, récemment, avec la journaliste Hassatou lamarana pour une formation au compte du colloque des jeunes femmes entrepreneures en milieu rural. J’ai aussi formé 30 jeunes filles avec une autre journaliste du nom d’Ada dans le cadre de l’entrepreneuriat jeune.
Vous avez, sans doute, des difficultés actuelles. Parlez-nous-en ?
Les difficultés n’en finissent pas. Au début, c’était de faire comprendre à la population guinéenne que c’est possible de consommer local. C’est possible de faire une cérémonie de mariage, de baptême avec des boissons 100 % naturelles. Ça commence à être accepté par des gens. Mais aujourd’hui, mes difficultés sont comment avoir mon local et aussi agrandir l’entreprise les saveurs chez Yama. Au-delà de celles-là, nous avons des problèmes d’emballage ou encore des machines adaptées à la transformation. En un mot, nous avons un problème d’équipements en général. Il y a des accompagnements, mais ce sont des accompagnements qui, pour l’instant, ne sont pas concrets. C’est pourquoi j’aime le dire très souvent, si vous souhaitez aider, faites le de façon concrète. Le jeune guinéen est sérieux jusqu’à ce qu’il trouve un emploi, quand il l’a, il ne fait plus du sérieux. J’ai eu à changer des employés à chaque fois. Ils sont rares les employés qu’on a pus maintenir depuis qu’on a commencé à travailler.
Vous avez de grandes ambitions pour l’entreprise « les saveurs chez Yama » , parlez-nous des grandes lignes ?
Les grandes ambitions pour les saveurs de chez Yama, c’est d’avoir des domaines sur lesquels je peux faire la production. Je souhaite être indépendante de la production à la transformation. C’est-à-dire qu’on transforme ce que nous produisons. Puis commercialisons ce que nous transformons. Du coup, nous souhaitons avoir des domaines sur lesquels nous allons cultiver nos fruits à transformer, mais aussi construire une unité de transformation. C’est-à-dire une Usine de production de boissons naturelles en Guinée. Aussi, l’autre ambition, c’est de faire en sorte qu’on travaille sur ce produit jusqu’à ce qu’il soit un produit prêt à être commercialisé sur toute l’étendue territoire et en dehors du pays. C’est-à-dire que les produits les saveurs chez Yama soit reconnus sur le plan national et international.
Un premier pas dans l’entrepreneuriat sanctionné d’échec, vous avez tenté l’emploi, chose qui était difficile dû aux charges de vie de mère de famille que vous menez. De ce fait, quand on vous dit entrepreneuriat féminin, qu’est-ce que vous en dites ?
L’entrepreneuriat féminin, je dirai que c’est une opportunité d’épanouissement pour toutes les jeunes femmes mariées ou encore mères de famille. Parce qu’avec l’entrepreneuriat, tu es, quelque part, libre de prendre des décisions. Pas que tu es totalement libre, mais tu as la possibilité de planifier ton emploi du temps, notamment envoyer les enfants à l’école ou être avec eux. Par contre, si tu es employé, 07 h 40 minutes devra te trouver au boulot. Si tu travailles en ville (Kaloum NDLR), tu vas sortir le matin laisser les enfants en train de dormir. Tu rentreras le soir trouver qu’ils sont au lit déjà. Donc, l’entrepreneuriat est l’une des meilleures alternatives pour une jeune femme.
Un mot à placer à l’endroit des jeunes filles qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat, mais face à des difficultés baissent les bras et rebroussent chemin ?
Je leur dirai d’oser commencer. De sortir de leur zone de confort. Surtout se trouver un modèle, c’est-à-dire si tu veux faire la saponification, va sur Facebook, cherche une personne en Guinée qui évolue dans ce domaine, rentre en contact avec elle, forme toi avant de te lancer. Fais de même si tu veux transformer des fruits et légumes en des boissons naturelles ou encore tu veux évoluer dans la maçonnerie ou dans les BTP.
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