Les César promettent de « ne pas donner de leçons » dans un monde en crise

Les César promettent de « ne pas donner de leçons » dans un monde en crise

La cérémonie des César s’est ouverte vendredi sur la promesse de « ne pas donner de leçons » dans un monde plongé dans la crise ukrainienne, en couronnant deux jeunes espoirs: Anamaria Vartolomei et Benjamin Voisin.

« L’humeur de cette cérémonie oscillera entre la mi-temps du Super Bowl et une soirée karaoké avec Michel Houellebecq. Entre (la Palme d’Or 2021) Titane et tisane », a lancé le maître de cérémonie Antoine de Caunes en arrivant sur la scène de l’Olympia.

« On ne va pas changer le monde, on serait mal placés pour donner des leçons », a-t-il promis, se sachant très attendu après deux éditions des César marquées par les scandales et les flops, et une nouvelle année de crise sanitaire.





« On va rire, on va être émus, l’essence de notre métier c’est continuer quoi qu’il arrive, même si le monde s’effondre », a ajouté ce vieux routier de l’exercice, dix cérémonies des César au compteur.

« Ce soir, nous pensons aux Ukrainiens. Soyons à la hauteur de la chance qu’ils n’ont pas ». La 47e cérémonie des César a par ailleurs été « dédiée » à la mémoire de Gaspard Ulliel, mort il y a un mois, à 37 ans, dans un accident de ski.

L’imprévu, voire le malaise pour certains, s’est quand même rapidement invité sur scène avec une intervention de l’humoriste Marie s’infiltre, qui a levé sa jupe et lancé « Bonsoir, voici mon cul! Joyeux hommage à la cul-ture ».

Côté statuettes, les premières distinctions ont été remises à Anamaria Vartolomei, meilleur espoir féminin pour son rôle dans « L’Evènement », film coup de poing sur l’avortement, adapté d’Annie Ernaux, qui a obtenu le Lion d’Or à Venise.

Côté masculin, c’est Benjamin Voisin qui est le meilleur espoir pour son rôle de Lucien de Rubempré dans « Illusions perdues », adaptation de Balzac signée Xavier Giannoli qui fait avec 15 nominations figure de favori pour succéder à « Adieu les Cons », grand gagnant des César l’an dernier.

Ces prix ont été remis devant le gratin du cinéma français, qu’avaient rejoint l’actrice australienne Cate Blanchett et l’Américain Adam Driver. La première doit recevoir un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière tandis que le deuxième est en lice pour son rôle dans l’opéra-rock « Annette » de Leos Carax (11 nominations), présenté au Festival de Cannes.

Il côtoie dans sa catégorie Benoît Magimel, Vincent Macaigne ou Pierre Niney.

– Ont-ils changé ? –

« Aline », le biopic de Valérie Lemercier consacré à Céline Dion, dans lequel cette grande fan de la star québécoise donne le meilleur d’elle-même, est également très bien placé : dix nominations, dont logiquement la meilleure actrice, aux côtés de Léa Seydoux ou Laure Calamy, à nouveau nommée après avoir remporté le titre l’an dernier.

Dans la catégorie reine du « meilleur film », outre les trois opus placés en tête, les membres de l’Académie ont également mis sur les rangs « BAC Nord » de Cédric Jimenez, sur les dérives policières dans les quartiers Nord de Marseille, « L’évènement » d’Audrey Diwan, adaptation d’un roman d’Annie Ernaux sur l’avortement qui a décroché le Lion d’Or à Venise, « la Fracture » de Catherine Corsini sur la France des « gilets jaunes » ainsi que « Onoda, 10.000 nuits dans la jungle » d’Arthur Harari.

Renouvelée pour répondre aux accusations d’opacité, d’entre-soi et de machisme, l’Académie des César saisira-t-elle l’occasion de montrer qu’elle a changé?

Une seule cinéaste a reçu jusqu’ici le César de la meilleure réalisation: Tonie Marshall en 2000 pour « Vénus Beauté (institut) ». Trois sont nommées cette année (Valérie Lemercier, Audrey Diwan et Julia Ducournau, qui a décroché la Palme d’Or à Cannes pour « Titane ») pour quatre hommes.

Pour tous ces films, des César pourraient faire office de lot de consolation après une année où le cinéma français a pu briller en festival mais a souffert en salles, en raison de la pandémie de Covid-19.

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Djenabou Balde