Interview : un centre où est enterré de milliers de secrets de jeunes filles. 

Interview : un centre où est enterré de milliers de secrets de jeunes filles. 

Ce jeudi, 12 août 2021, à l’occasion de la journée internationale des jeunes, votre site d’information a fait une immersion dans le centre Bluécoute, situé dans la commune de kaloum, dans l’enceinte de la bluezone du même nom. Où un personnel médical s’y est installé pour répondre aux préoccupations sanitaires des jeunes notamment la planification familiale, conseil et orientation. Dr André, médecin chevronné et d’une grande capacité d’écoute et un homme de confiance et d’une immense discrétion, qui garde en lui de milliers de secrets sanitaires de ses patients, en service dans ledit centre, s’est prêté à toutes nos questions concernant le fonctionnement du centre, sa gestion, mais aussi le climat réceptif des patients surtout avec ceux qui viennent en catimini. 

Femmes africaines : bonjour Dr. André ! Et d’entrée de jeu que c’est Bluécoute ?

Dr André : BluÉcoute est un centre qui s’occupe de tout ce qui est question de santé sexuelle des jeunes vu que les jeunes ont du mal à se faire soigner, surtout c’est quand un problème lié à la sexualité, notamment une jeune fille qui a besoin de se faire planifier, vouloir dire d’aller dans une structure de santé publique qui est fréquentée par les grandes personnes (tantes , oncles, les amis du grand frère) ou le médecin que la jeune fille trouvera à l’hôpital qui peut avoir deux fois l’âge de son grand frère, elle aura honte de se confier à ce dernier. Et Mieux que ça, il se peut que le médecin soit bien formé sur le plan médical, mais il ne l’est pas à recevoir une jeune fille sans l’apporter des préjugés. Une fille de 16 ou 17 ans qui vient voir un médecin pour se planifier et que ce dernier avance des préjugés comme dire pourquoi te planifier pendant que tu es très jeune. Cela peut créer un retenu chez la jeune fille qui n’aura plus envie de se confier. 

Femmes africaines : comment vous parvenez à administrer le centre notamment la gestion, l’équipement, le traitement financier du personnel ? 

Dr André : ce centre est géré par l’AGBF (association guinéenne pour le bien-être familiale) en partenariat avec la bluezone, le ministère de la jeunesse qui joue aussi son rôle, puisque quand on parle de la santé des jeunes, le ministère de la jeunesse est forcément concerné y compris le ministère de l’action sociale et le tout chapeauté par le ministère de la Santé. 
En plus de cela, il y a assez de partenaires qui appuient le centre sur le plan financier, des bailleurs de fonds notamment le fond des nations unies pour les opérations. Certes sans l’aide de ces bailleurs de fonds, le contre peut exister, mais le fonctionnement ne sera pas possible puisque le Centre a besoin d’équipements et des produits à user. 

Femmes africaines : avec des propos déplacés que certains tiennent dans le quartier, à propos de la planification de la jeune en mettant en avant les énormes conséquences de cette pratique. Comment vous parvenez à mettre une fille en confiance qui souhaite se planifier ?

Dr André : la première des choses chez nous, c’est la confidentialité. C’est l’élément clé, pour que quelqu’un puisse se livrer à toi, il faut que la personne ait confiance en toi et pour que la personne ait confiance en toi et il faut la mettre en confiance.  
Hormis la salle de réception, il y a l’issue de secours là où l’on peut recevoir nos patients sans que quelqu’un ne l’aperçoive. Une fois dans mon bureau tout ce qui se dit entre les quatre murs reste là. 

Femmes africaines : et quand est-il des filles qui viennent vers vous avec un grand doute concernant la planification familiale ?

Dr André : il y a toujours des préjugés, des jeunes filles qui viennent très souvent avec des fausses informations. Dans les quartiers, ça se dit, que les contraceptifs font grossir, empêchent de ne plus pouvoir faire des enfants, bloquent les règles accompagnées d’énormes problèmes, etc. Donc on essaie de donner des informations claires, limpides et beaucoup de précisions autour des produits contraceptifs. En matière de planification familiale, il y a plus d’avantages que d’inconvénient et ces inconvénients sont maîtrisables. Notamment, une fille qui reste sans voir ses règles n’est pas grave, c’est plutôt l’effet secondaire du produit. 

Femmes africaines : au-delà de votre radio, avec ce centre d’écoute faites-vous des activités pour toucher les jeunes ?

Dr André : nous sommes toujours conviés dans les prises de décisions des ministères (cités ci-haut). Ce centre est une référence en Guinée, qu’on appelle la stratégie avancée, bien avant la radio, nous sommes en contact avec des établissements scolaires, donc au cours de leur semaine culturelle, ils choisissent un thème, on prépare tout ce qui est l’arsenal puis on l’aborde avec eux. 

Femmes africaines : merci à vous monsieur 

Dr André : c’est à moi de vous remercier. 

Adama Doukouré pour femmes africaines

LA RÉDACTION