Elle pleure sur Tiktok et gagne une cagnotte de 14.000€ soit plus de 120 millions de francs guinéens.

Elle pleure sur Tiktok et gagne une cagnotte de 14.000€ soit plus de 120 millions de francs guinéens.

Maëlle, 20 ans, étudiante boursière en quatrième année de double diplôme franco-allemand à Sciences Po, décrit en pleurant sa situation financière sur le réseau social Tiktok. La vidéo a été vue plus de sept millions de fois et a suscité un vif élan de solidarité.

En larme la jeune étudiante Maëlle qui vit avec 100 euros par mois a ému la toile en décrivant sa situation financière difficile. D’après elle, ce n’est pas une première fois de venir parler de CROUS, mais c’était une première de le faire en pleurant. Elle indiquait dans ladite vidéo que le « les centre régional des œuvres universitaires et scolaires » abrégé CROUS qui assure la mission d’aide sociale aux étudiants des établissements publics, gère le logement, la restauration, la bourse d’étude pour les étudiants étrangers a réduit le montant de sa bourse, chose qui lui rend encore plus la vie difficile.

«La première année, tout allait bien. J’étais boursière échelon 4 et touchais environ 400 euros par mois. Cumulés avec une aide de Science Po et une aide pour les doubles diplômes, je bénéficiais d’environ 900 euros pour payer mon loyer et mes courses. C’était idéal». Mais en deuxième année, sa bourse est divisée par deux. Le Crous, qui calcule les échelons selon le revenu des parents déclare deux ans auparavant, prendre désormais en compte l’argent gagné par son père en tant qu’intérimaire. En plein confinement, l’étudiante doit donc travailler pour subvenir à ses besoins. En troisième année à Berlin dans le cadre de son double diplôme, Maëlle travaille 20 heures par semaine comme babysitteuse à côté d’un stage et de ses études. Un rythme effréné mais indispensable afin de joindre les deux bouts.

Dès mars 2022 en effectuant une simulation auprès du Crous, l’étudiante déchante: pour sa quatrième année, son échelon sera le «0 bis», soit 100 euros par mois. «Je n’ai pas compris: mon père est au chômage et ma mère n’a pas plus de moyens. Elle travaille à Mayotte où la vie est particulièrement chère».

«J’ai contacté trois assistantes sociales, fait des tonnes de recours. Quand j’ai la chance d’avoir une réponse, on me dit que c’est le barème qui veut ça » Maëlle, étudiante de 20 ans

En réalité, pour le Crous, la situation familiale de la jeune fille a changé depuis leur déménagement à Mayotte il y a deux ans, ses parents bénéficient d’un apport financier afin de payer leur loyer et du bouclier «qualité prix» qui les aide à contrer la vie chère sur ce territoire. «Ce n’est pas de l’argent qu’ils peuvent me donner pour financer mes études. Ils en ont besoin pour vivre décemment», précise l’étudiante. Pourtant, ces sommes sont comptabilisées par le Crous qui de factoestime que Maëlle n’a plus besoin d’une bourse élevée. «C’est un angle mort et une vraie injustice: nous sommes nombreux des territoires d’outre-mer à nous retrouver avec 100 euros par mois, alors que nos parents ne peuvent pas nous aider, dénonce-t-elle. J’ai contacté trois assistantes sociales, fait des tonnes de recours. Quand j’ai la chance d’avoir une réponse, on me dit que c’est le barème qui veut ça».

Le mois qui vient de s’écouler a été particulièrement éprouvant pour l’étudiante. «J’ai commencé les cours et je savais déjà que j’aurais du mal à payer mes 410 euros de loyer». Même en donnant quelques cours particuliers et en faisant un peu de babysitting, Maëlle n’y arrive plus. L’une de ses deux sœurs l’aide en payant son logement pour le mois d’octobre. Comme les années précédentes, elle se prive des loisirs et sorties. «Mes amis me charrient en disant qu’ils me voient peu. C’est normal: soit j’étudie, soit je travaille mais je n’ai ni le temps ni l’argent pour faire autre chose».

Jour après jour, l‘étudiante angoisse: à quoi ressembleront les mois, voire les années d’études, à venir? «Je n’ai pas honte de dire quand je suis en difficulté. Je suis bien entourée donc je me suis lancée», tempère-t-elle. C’est avec cet état d’esprit qu’elle trouve la force de publier une vidéo sur TikTok. Un appel à l’aide où se mêlent colère et solidarité: «J’ai fait ça pour parler de tous ces étudiants qui se privent de manger et comptent leurs sous alors qu’ils devraient juste se concentrer sur leurs études».

Son témoignage trouve un écho sur les réseaux sociaux, où les messages de soutien affluent. «J’ai reçu tellement de commentaires d’étudiants qui vivent la même chose que moi», desespère-t-elle. Une internaute lance alors une cagnotte à son nom: «En 30 minutes, elle avait récolté 2000 euros… C’est fou! Avant que j’aille me coucher, elle était à plus de 11.000 euros. Je lui ai vite demandé de la clôturer, je trouvais que c’était beaucoup trop». Au total, la cagnotte «Aidons Maëlle à vivre» a récolté plus de 14.000 euros. «J’ai du mal à y croire, je sais que cela va incroyablement faciliter mon quotidien», se réjouit-elle sans vraiment réaliser.

Maëlle reversera une partie de cette somme à une association qui aide les étudiants dans la même situation qu’elle. «Je ne sais pas encore laquelle, mais je veux que cet élan bénéficie au plus grand nombre.» La sciencepiste prévoit également d’ouvrir une nouvelle cagnotte dont l’ensemble des gains seraient reversés à des associations. «J’ai envie qu’on parle de ces étudiants et que cela devienne un vrai sujet de société», conclut Maëlle, consciente d’être désormais le porte-voix de ceux qui étudient dans la précarité

Ismaël Koné pour femmes africaines

 

LA RÉDACTION