Cannes: pluie de stars pour Wes Anderson, chaise vide pour Serebrennikov

Cannes: pluie de stars pour Wes Anderson, chaise vide pour Serebrennikov

Le glamour et la politique : Cannes a fait passer un message de soutien au cinéaste Kirill Serebrennikov, interdit de quitter la Russie, avant qu’un bus bourré de stars, de Tilda Swinton à Adrian Brody en passant par Lyna Khoudri ne débarque enflammer le tapis rouge pour le dernier film de Wes Anderson.

C’est en effet à bord d’un bus que sont arrivées les têtes d’affiche de « The French Dispatch », en lice pour la Palme d’Or. Se sont retrouvés sur le tapis rouge Bill Muray, panama sur la tête, Timothée Chalamet dans un indéfinissable costume argenté aux irisations rosées, ou encore Tilda Swinton en robe fourreau orange, veste de costume rose cintrée et manches dorées.

Léa Seydoux par contre, testée positive il y a plusieurs jours au coronavirus, n’a pas pu venir à Cannes pour ce film, premier des quatre qu’elles doit y présenter cette année.





Le film, applaudi plus de six minutes en séance de gala, régalera les admirateurs du travail de Wes Anderson, cinéaste à l’univers sans pareil, réputé pour son obsession du détail et de la symétrie et dont les œuvres comme « A bord du Darjeeling Limited », « La Vie aquatique » ou « l’Ile aux chiens » propagent une douce et tendre mélancolie.

« The French Dispatch » met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain, publié dans une ville française fictive du XXe siècle, et est l’occasion pour Wes Anderson de dire son amour du journalisme et de la France – version carte postale des années 1960.

Chaise vide

L’ambiance était tout autre quelques heures plus tôt, avec la projection de l’autre film en compétition, « La Fièvre de Petrov ». En lice pour la Palme d’Or mais bloqué dans son pays en raison d’une condamnation pénale, Kirill Serebrennikov n’a pas pu fouler le tapis rouge.

Ses acteurs ont monté les célèbres marches la poitrine ornée d’un badge rouge à ses initiales, « KS », en signe de soutien, et ont été accueillis à leur sommet par le président du Festival Pierre Lescure et le délégué général Thierry Frémaux qui le portaient aussi.

« Je t’aime, je suis fière d’être dans ton film », a déclaré sur le tapis rouge l’actrice Tchoulpan Khamatova, soulignant que le film balançait « entre le passé soviétique, l’avenir, et ce qui se passe maintenant ». Lors de la projection, le fauteuil frappé du réalisateur russe, considéré comme l’un des plus audacieux de sa génération mais puni pour son effronterie, est resté vide, comme en 2017 lors de la présentation de « Leto » – il était à l’époque assigné à résidence.

« Je voudrais remercier tous ceux qui sont là. C’est la première fois que je montre mon film. Je suis ravi évidemment et je célèbre ce XXIe siècle qui, grâce aux nouvelles technologies, nous permet d’être ensemble », a réagi à l’issue de la projection le cinéaste, auquel la parole a été donnée dans la salle via un très court live vidéo.

Pour « La fièvre de Petrov », le cinéaste devait passer ses journées dans un tribunal moscovite pour son procès qu’il qualifie de « kafkaïen », et tournait la nuit. Le résultat est une longue déambulation alcoolisée dans une ville en proie à une épidémie de grippe. Visuellement très riche, au montage fiévreux, avec des plans séquence qui relèvent du tour de force, le film mêle un regard cru sur la violence de la société contemporaine, envers ses enfants et les étrangers notamment, et une forme de nostalgie pour le passé, abordé dans des séquences en noir et blanc.

On y croise, pêle-mêle, une bibliothécaire qui se bat comme dans Matrix, un corbillard dont le mort ne tient pas en place, et quantités d’ivrognes…

Le soir, le spectacle sera enfin sur la plage pour les amateurs de cascades et de poursuites, avec la projection, deux jours avant sa sortie française de « Fast and Furious 9 », le nouvel opus de la saga motorisée avec Vin Diesel. Et parce que la vie à Cannes ce n’est pas que du cinéma, la police a annoncé qu’elle enquêtait sur un vol de bijoux dans une chambre d’hôtel à l’actrice britannique Jodie Turner-Smith. On ignore encore la valeur du butin.

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Djenabou Balde