Enquête exclusive : Les dessous d’un mariage précoce en Guinée
La majorité des jeunes filles en Guinée sont victimes de mariage précoce et forcé. Un fléau entretenu et soutenu par les différentes communautés ou coordination régionale en fonction des spécificités de chaque ethnie.
Une réalité qui fragilise l’émancipation des jeunes filles, leur manque d’éducation, la violence, la maltraitance sexuelle, les conséquences d’une conception prématurée, les lourdes charges conjugales.
Au su de cette réalité, j’ai tenté de comprendre les dessus de ce fléau dans la coordination régionale de basse guinée dirigée par Elhadj Sékhouna (le Kountigui) particulièrement dans la préfecture de Dubréka dont revient le palme d’or.
Si la pauvreté constitue pour certains observateurs un des facteurs qui encourage la précocité du mariage des jeunes filles, d’autres dénoncent la cruauté des sages ou des parents qui offrent leur fille sans leur consentement.
Dans cette enquête, le constat est très alarmant et triste à Dubréka où la coordination est impliquée dans tout le processus en amont jusqu’au mariage , en fonction du portefeuille de chaque candidat et de son rang social.
L’un des cas qui a vraiment attristé les citoyens de cette localité, c’est le mariage d’une fillette de 10 ans à un imam d’une soixantaine d’années, propriétaire exploitant d’un grand domaine agricole et d’élevage par les manœuvres du Koutigui de la région en l’occurrence Elhadj sékhouna . J’ai tenté de reconstituer le témoignage de quelques personnes qui ont décidé de garder l’anonymat, car les victimes ne peuvent pas s’exprimer : cette fille a été vendu et marabouté par sa famille en contrepartie de verser un somme de 5.000.000 fg à la famille, 2 000.000fg au sage de la coordination. Tous ces témoignages se recoupaient selon les personnes interrogées. Et 4ans après de ce mariage la fille succombera à son premier geste d’accouchement suite à des complications.
Un autre cas récent est le mariage d’une fille de 13 ans sans son consentement par un commerçant polygame de 3 femmes toujours par les manœuvres de cette coordination et sa famille, en contrepartie de réaliser une grande mosquée dans le village, et rénové la maison familiale de cette jeune fille en brique et toiture. Les conséquences d’une telle décision, c’est le suicide de la fille 6 mois après le mariage à cause des contraintes, la pression de son mari et sa famille à supporter les exigences sexuelles.
Toutes ces manœuvres se passent dans un silence et une peur totale des autorités de la place qui considèrent que c’est une décision familiale.
Nous y reviendrons
Aboubacar Sylla