« Nous formons et combattons l’inégalité des genres » dixit Djenabou Batco DIALLO

« Nous formons et combattons l’inégalité des genres » dixit Djenabou Batco DIALLO

Diplômée   en langue française de l’institut supérieur des sciences de l’éducation de Guinée (ISSEG – 2008), mais aussi  en développement communautaire de l’institut supérieur de formation à distance (ISFAD – 2013), Djenabou Batco DIALLO, cheffe des programmes de la radio communautaire de Fria est  aujourd’hui une pionnière des mouvements de jeunes dans la citée des alumines de Fria. Elle est présidente de l’Association de défense des droits des femmes  de Fria, Djenabou  nous a récemment accordée  un entretien.

Présentez vous à nos lecteurs !!!

Je me nomme Djenabou Diallo, je suis professeur de français au collège Hadja M’Mah Camara ;  cheffe des programmes de la radio communautaire de Fria, présidente de l’ONG  de défense des droits des femmes de Fria, coordinatrice de la plate forme des associations de jeunesse de Fria, correspondante du site guineematin.com. Je suis mariée et mère de cinq enfants dont un garçon.

En tant que femme, aujourd’hui vous occupez un poste de responsabilité, comment vous arrivez à vous en sortir ?

Par rapport aux différents postes de responsabilité que j’occupe, je m’en sors très bien grâce à une organisation interne que j’aie mise en place. Au niveau de la radio, en tant que cheffe des programmes, tous les matins, je dirige le conseil de rédaction, je reparti les taches en contrôlant  le registre d’antenne, je recense les émissions réalisées dans le registre de production, les  sorties effectuées dans le registre de sortie avant d’aller donner des cours de Français au collège. Le soir je reviens voir si les consignes données lors du conseil sont respectées. Par la suite, je corrige les papiers des reporters, enrichis l’édition par des recherches sur le net, écoute les émissions produites, si elles sont consommables, je les mets à la disposition de la technique pour la diffusion, je rentre chez moi entre 22h et 23h.J’avoue honnêtement que tout  Cela ne m’empêche pas de présider les assemblées générales de mon association qui se tiennent une fois par mois et la rencontre avec les membres du bureau de la coordination des associations de jeunesse quant à elle  se fait  une fois par mois. Bref j’arrive à assumer toutes mes responsabilités sans problèmes majeurs, grâce bien sûr au soutien et à la compréhension de mon cher époux.

Vous avez évolué dans ce domaine aussi pendant un bon moment, mais que retenez-vous ?

Après avoir passé quelques temps dans ce domaine, c’est le fait de diriger des personnes qui n’ont pas toutes les mêmes manières de percevoir les choses, que j’ai d’abord trouvé au départ un peu compliqué mais avec le temps j’ai compris qu’il fallait vraiment s’imposer pour atteindre mes objectifs sans tenir compte des humeurs. En tant que femme, j’ai compris qu’il fallait être moi-même.

L’égalité du genre est un problème réel en Guinée, quel est votre perception sur ce sujet ? Vous avez une fois rencontré cette discrimination?

Le problème de l’égalité des genres est aujourd’hui un véritable phénomène auquel le monde fait face. Il se passe à tous les niveaux. Famille, école, services…. Si depuis l’enfance on fait croire au garçon qu’il est supérieur à la fille, il grandit avec cette idée, à l’école c’est le garçon qui est chef partout, c’est pourquoi les hommes se croient supérieurs aux femmes. Il faut que les parents arrêtent de privilégier les garçons, les enseignants aussi. S’ils grandissent avec cette idée d’égalité, ne pense que cela permettrait mieux de lutter contre ce phénomène. Moi personnellement je n’ai jamais été victime parce que partout où je suis en concurrence avec des hommes, je m’impose et je suis toujours parmi les meilleurs, comme ça ce n’est pas facile d’être marginalisée si tu as quelque chose dans la tête. Il faut aussi que les femmes acceptent de se former et avoir un niveau adéquat pour pouvoir parler d’égalité. Si partout, les hommes sont mieux que nous, on ne peut pas se plaindre. Chères femmes, formons nous et combattons l’inégalité des genres car une femme bien formée a toutes les chances d’occuper les meilleurs postes de responsabilité.

Un mot sur la recrudescence des violences en Guinée !!!

Ces derniers temps c’est avec regret que je constate la recrudescence des viols en Guinée à travers les informations relayées par les médias. Pour lutter contre ce phénomène il faut d’abord cerner les causes telles que le manque d’éducation sexuelle, la discrétion des victimes, le règlement à l’amiable et l’impunité des auteurs. Si nous parvenons à soigner les maux cités plus hauts, je crois que nous pourrions mettre un frein à cette montée vertigineuse du viol. Je demande à tous les parents et aux autorités éducatives de mettre en avant l’éducation sexuelle en brisant le tabou qui existe sur la sexualité, aux victimes de viol de ne pas se taire, de dénoncer les auteurs et de refuser de régler le problème en famille, il faut les trainer devant la justice et à cette dernière de les condamner à la hauteur de leur forfaiture.

D’où est partie l’idée de création de cette ONG ?

L’ong ADDFF que j’ai mise en place dans la cité de l’alumine a vu le jour après tant de constats notamment la pauvreté des femmes de la cité, le taux élevé d’analphabétisme, les discriminations, la vulnérabilité, la déperdition des jeunes filles. On s’est fixé pour objectifs de promouvoir l’épanouissement et le développement économique juridique, social et politique de la femme.

Quel appel avez-vous à lancer ?

Nous sollicitons l’appui des institutions œuvrant dans ce domaine pour nous permettre d’atteindre nos objectifs. Nous préconisons  la formation des  femmes qui seront capables de faire face aux problèmes société et moraux, lutter contre les violences conjugales, la discrimination professionnelle, le viol, l’exploitation des enfants, lutter contre l’ignorance la pauvreté, le mariage précoce et forcé, les grossesses précoces, lutter contre l’insalubrité, bref promouvoir le bien être de la femme et de l’enfant.

Ça vous fait quoi de paraître sur un site comme femmesafricaines.info ?

C’est un honneur et un plaisir pour moi de paraître sur le site femmes africaines, qui me permet de me faire connaître. Je remercie les administrateurs du site d’avoir penser à moi et je suis à leur disposition en cas de besoin.

Propos recueillis par

Amadou Labaya CAMARA
655686768

 

Djenabou Balde